Andata.ritorno : laboratoire d'art contemporain 37, rue du Stand CH-1204 Genève Suisse
REGINA BEITH « Captivités »
JEAN-DANIEL MEYER « Part d’ombres –G8 »
Le parti pris de l’exposition « LES BALISES DU SILENCE » est de mettre en relation deux travaux photographiques traitant sous des facettes différentes du thème de l’enfermement, les images sont mises en échos par des stations textuelles basées essentiellement sur la citation.
Il en résulte une expo-concept traitant de manière métaphorique de la panique du monde de la marchandise dans la situation actuelle. Le système économique est pris à son propre piège au même titre que les animaux sauvages réduits à l’état spectacularisé par le monde civilisé. L’industrie du spectacle des animaux en captivité est un archaïsme de la marchandisation généralisée ou la notion de valeur elle-même a perdu ses repères. La suprématie de la valeur d’échange entretient le marasme de la société du spectacle qui ne fait que se démultiplier avec les moyens technologiques actuels. La nature est en péril plus que jamais. La plus-value financière a son pendant dans le pouvoir d’autodestruction généralisé.
Jean-Daniel Meyer a réalisé un travail photographique noir blanc au printemps 2003, au moment du sommet du G8 en France voisine, alors qu’une importante manifestation altermondialiste était prévue dans les rues de Genève. A l’approche de cet événement, une grande peur s’empara des commerçants et des banquiers du centre ville. Afin de se protéger des manifestants, ils baissèrent leurs rideaux métalliques, leurs stores et firent ériger à la hâte des palissades, de véritables forteresses de bois, autour de leurs vitrines, de leurs bureaux. Il se dégagea de ces rues ainsi transformées, un sentiment de retrait, de réclusion, de peur obsessionnelle d’une étrange violence. Jean-Daniel Meyer en réalisant à cette occasion une série d’images très sobres « a tenté de saisir comme dans un jeu de miroirs, nos propres angoisses, nos propres enfermements » .
De son côté, Regina Beith a réalisé des prises de vue d’animaux en captivité dans les zoos de Barcelone et de Bâle. Ces photographies dégagent une charge émotionnelle qui abolit tout commentaire. Les regards et les attitudes de ces animaux captifs n’ont rien à envier au pouvoir de l’expressivité humaine, ils nous renvoient, quant à eux, le miroir de l’aberration de leur condition. Si la civilisation a inventé pour le genre humain le système de la prison pour « surveiller et punir »1), l’homme n’hésite pas à dénaturer des animaux de leur contexte vital à des seuls fins de loisir exotique.
1)Michel Foucault
Cette exposition réunit deux travaux photographiques qui n’étaient pas destinés à se rencontrer au départ, mais qui ont pour point commun le choix de la suggestion plutôt que le statut du reportage.
Les images de la performance « Coyote » de Joseph Beuys sont là au titre de citation visuelle en rappel de la position exemplaire d’un artiste qui a choisi l’enfermement volontaire avec un animal sauvage comme signe symbolique de défense de la nature et des valeurs universelles.