Sandrine Hermand Grisel. Interview par Roland Quilici (rolandquilici@aol.com)
1) Pourquoi faites-vous de la photographie ?
Par nécessité. C'est un besoin quasi instinctif, un rapport physique avec mon appareil. Par timidité probablement aussi. L'appareil photo est une sorte d'excuse pour aller vers les autres, il me protège d'un rapport direct avec le monde extérieur.
2) J'ai lu que vous étiez autodidacte, pouvez-vous nous raconter comment vous avez appris ce métier que vous exercez en tant que photographe indépendante ?
J'ai toujours aimé la photographie. Petite fille je faisais beaucoup de photos de vacances, de mes amies aussi. Après le bac je voulais devenir reporter photographe. J'ai intégré la fac de droit pour rejoindre par la suite Science Pô. On m'avait conseillé cette orientation pour devenir une bonne journaliste. En 1995 j'ai perdu ma mère puis rencontrée l'homme de ma vie. J'ai pris conscience de l'importance de la vie. Je devais la vivre et refusais de la subir. J'ai donc laissé tomber le droit pour ne me consacrer qu'à la photographie.
3) Vous travaillez en noir et blanc, pouvez-vous nous dire pourquoi ?
Le nu, le portrait, et des photographies de paysages expliquez nous votre démarche.
Le noir est blanc s'est imposé à moi comme une évidence. Les photographes qui me touchent le plus s'expriment en noir et blanc. J'aime le travail sur la matière et les nuances de gris. Il émane du noir et blanc une ambiance et une force que je ne retrouve pas en couleur. Mais assez paradoxalement je travaille aujourd'hui sur des photos en noir et blanc que je colorise sous Photoshop…
En ce qui concerne les sujets traités, ils correspondent à des périodes, à des envies. J'ai fait beaucoup de nu jusqu'ici, aujourd'hui je me consacre aux portraits. Entre les deux et au gré de mes balades je photographie des paysages.
4) Quels sont les artistes, peintres, photographes, que vous aimez, et qui ont une influence sur votre désir de faire des images?
Ils sont très nombreux et la liste serait trop longue si je devais tous les citer. Les peintures font bien évidemment parties de mon éducation et ont forgé mon regard. En photographie, Cartier Bresson, Depardon, Sarah Moon, George Rodger, Salgado font partis de mes photographes préférés… De ma génération je citerai Laurence Leblanc ou Michael Ackerman.
5) La photographie est un métier de plus en plus difficile, comment conciliez-vous votre activité professionnelle et votre travail d'auteure ?
Malheureusement je ne peux pas me contenter de la photographie pour vivre. Je ne vends pas encore assez. Mais j'ai malgré tout la chance de pouvoir me consacrer à mes projets personnels sans pression extérieure. Je me sens libre d'agir et de penser à ma guise…
6) Vous avez obtenu des récompenses au prix du jury Ilford, au prix Arc images et à la bourse du talent organisé par photographie.com, cela vous at'il permis de faire des rencontres, de réussir à concrétiser des projets ?Cela vous a-t-il permis de persévérer, avec le sentiment d'une reconnaissance de votre travail ?
Etre reconnu d'une quelconque façon est important dans un processus de création. On a besoin de se confronter par moment au regard des autres. Ce n'est pas toujours facile mais nécessaire. Il est vrai que le fait d'être apprécié par mes pairs m'encourage à continuer dans cette voix. Les récompenses aident à dissiper les doutes !
7) Vous étes considérée comme une artiste faisant de la photographie, plus dans le milieu de l'art, que dans le milieu de laphotographie, pouvez vous nous expliquez cela ?
Mon travail d'auteure se rapproche de celui des peintres ou des sculpteurs. Ce sont des œuvres essentiellement esthétiques. Elles sont le reflet d'une pensée mais non d'un idéal politique ou religieux. Elles ne sont pas le témoignage d'une époque. Leur lien est leur traitement ou leur graphisme. Ce sont des univers, des ambiances qui proviennent de mon imagination, qui sont le reflet de ma sensibilité.