Expositions du 06/12/2005 au 25/02/2006 Terminé
Galerie Le Réverbère Rue Burdeau, 38 69001 Lyon France
Vernissage
le 5 décembre 2005, de 18h à 21h,
en présence du photographe.
Nulle part, ailleurs.
Pour certains, la photographie est documentaire, pour d'autres, elle est la danse de l'instant saisi au gré des inconstances du temps, pour d'autres encore, elle est le constat, la trace d'une mise en scène dont elle est la servante. Et il y a ceux, tels Serge Clément, inexorablement poussés comme dans une rêverie, vers un espace qui est fait de temps et d'entre temps miroités par les reflets du visible. Les rêveries, dans ce cas, sont des phénomènes de la solitude, phénomènes qui ont leurs racines dans l'âme du rêveur. Pour croître, il leur suffit d'un prétexte, le décor est un déclencheur pour que les souvenirs s'établissent en images. Serge Clément explore la stabilité, la tranquillité de ses rêveries pour s'échapper et atteindre un état d'âme : son espace poétique. Il nous faut donc nous faufiler dans cet univers imaginé où seules nos perceptions en désordre peuvent nous servir de guide. Le silence propre de ses photographies nous murmure la profondeur et la plénitude de cette solitude qui, à chaque fois, tente de réécrire le monde avec ses fantômes. Ombres, griffures, traces, inscriptions se mélangent, se superposent dans des cadrages où le paysage organisé par le grain propose des noirs, des gris, des blancs, des pluies, des pénombres, des palissades, des trottoirs, des passants. Une fantastique charge de matière photographique déflagre pour saisir dans l'instant d'étincelantes visions où les profondeurs de vie du photographe, sans aucune autre intervention que celle de la prise directe, se pétrifient en palimpseste silencieux. Nous sommes face à un espace de fiction dans lequel se contractent, en un seul temps, des échos de réel qui mettent en présence les rêveries de Serge Clément qui, nulle part, ailleurs, ne peuvent être visibles.
Chaque photographie concentre en elle un ensemble obscur de temps arrêtés qui, dans leur tressage, installe l'univers abstrait de la poésie des états d'âme du photographe. Les lumières défendent leur part à l'ombre en glissant subtilement au creux de la matière pour nous permettre de circuler parmi les détails, elles s'enroulent dans la profondeur infinie de l'énigme du silence de la surface photographique.
Jacques Damez
Depuis les profondeurs noires comme celles d'une eau dormante jusqu'aux embrasements des blancs devenus aussi nerveux et vibrants qu'une électricité, les images de Serge Clément existent selon une vérité poétique qui s'étend et se meut parallèlement à la réalité reconnue, sage et conventionnelle. En elles se démontre cette vérité que Nietzsche nous enseigne : qu'en art le mensonge devient positif et qu'on ne peut que passer par lui pour toucher au vrai. Méditons cela : que cette démonstration est faite dans et par la photographie, si souvent accusée d'être coincée dans une objectivité prosaïque et sans écho. Chez Serge Clément l'art de la lumière s'ouvre tel un immense espace de poésie et de transfiguration où les choses et les êtres simples du monde viennent éclore comme des apparitions mystérieuses et vivre comme des présences obsédantes.
(Jean-Claude Lemagny in CV Photo)
Galerie Le Réverbère Rue Burdeau, 38 69001 Lyon France