Hawkeye Huey ©Aaron Huey
Loin de nous l'idée de mettre sur un pied d'égalité enfants et animaux. Quoique. Mais la nouvelle, qui n'en est pas vraiment une, a de quoi surprendre. Le petit Hawkeye Huey, 5 ans, va bientôt publier un ouvrage photo de son travail sur l'Ouest américain. OK.
Le petit « Oeil de faucon » (« Hawkeye ») aurait commencé sa carrière à l'âge de 4 ans avec des « http://fr.actuphoto.com/33483-on-n-apprend-pas-au-vieux-singe-a-faire-la-grimace-ni-des-selfies.html » de sa traversée de l'Amérique occidentale, nous apprend avec le plus grand sérieux le site Petapixel. OK.
La critique semble unanime, de Rolling Stone au Time. Le premier affirme : « Hawkeye a un regard unique et captivant », tandis que le second déclare « Sans aucun doute, Hawkeye a un avenir brillant devant lui dans la photographie ». OK.
874 contributeurs ont engagé 47 189 $ pour soutenir ce projet sur KickStarter et les 178 000 abonnés http://fr.actuphoto.com/33483-on-n-apprend-pas-au-vieux-singe-a-faire-la-grimace-ni-des-selfies.htmlhttp://fr.actuphoto.com/33483-on-n-apprend-pas-au-vieux-singe-a-faire-la-grimace-ni-des-selfies.html en redemandent. OK.
Bon alors si on résume : l'idée c'est d'avoir 5 ans, un papa photographe pour le National Geographic, un Fujifilm Instax 300 (ah oui parce que l'argentique c'est authentique), d'appuyer sur le bouton dès qu'on croise des paysages ou des personnes sympas, et les gens vont non seulement marcher, mais nous donner de l'argent ??? Mais c'est une idée géniale ! Bah oui, parce qu'en plus tout le monde est photographe aujourd'hui, hein ? Et puis tout le monde s'en fout de l'histoire derrière les photos, ce qu'elles racontent, ce qu'elles portent en elles, ce qu'elles construisent d'imaginaire ou de documentaire... non non, ce qui compte, c'est le petit môme et son œil de lynx. De faucon pardon.
Imposture. Vous avez dit imposture ? Ça nous rappellerait presque le canular de Roland Dorgelès, qui, pour se moquer des impressionnistes, avait fait peindre une toile à un âne et l'avait présentée au Salon des Indépendants en faisant croire qu'il s'agissait de l'oeuvre d'un jeune peintre italien Joachim-Raphaël Boronali. Et le monde l'avait cru !
Et le soleil s'endormit sur l'Adriatique par l'âne Aliboron - Lolo pour les intimes
Comme le monde croit à cet enfant photographe. Parce qu'en règle générale, le monde aime aussi beaucoup les petits prodiges. La photographie échappe d'autant moins à la règle qu'il n'y a finalement qu'à « appuyer sur un bouton ». Et voilà comment http://fr.actuphoto.com/33483-on-n-apprend-pas-au-vieux-singe-a-faire-la-grimace-ni-des-selfies.html, âgé de 8 ans, a pu être cette année « Young Wildlife Photographer of the Year ». Et si l'on ne peut que se réjouir d'une passion photographique précoce, on se doit aussi d'émettre des doutes sur son origine (parentale?) et les motivations (financières?) qu'elle peut cacher. Outre le fait que cela peut, à terme, coûter cher en psychanalyse, pourquoi ne pas attendre un peu, pourquoi ne pas prendre le temps de grandir et d'affûter son regard ? Il sera alors toujours temps de réveiller l'enfant qui sommeille en soi. Comme Bill Brandt le disait : « Cela fait partie du travail du photographe de voir plus intensément que la plupart des gens. Il doit avoir et garder en lui quelque chose de la réceptivité de l'enfant qui regarde le monde pour la première fois ou du voyageur qui pénètre dans un pays étrange. »