© Lynsey Addario for Time Magazine
Le http://time.com/war-and-rape/" vise à dénoncer l'une des conséquences les plus honteuses de la guerre : le viol des femmes. Pour cela, il a choisi en couverture le cliché d'une femme noire, presque nue, enceinte, photographiée de profil. Il n'en a pas fallu plus pour que le journal soit accusé d'exploiter le thème qu'il est censé dénoncer.
© Instagram - Lynsey Adarrio
Au sujet de l'image, nous apprenons qu'Ayak, qui pose pour la photographe du Time http://time.com/war-and-rape/", a grandi dans un camp de réfugiés au Kenya et est retournée dans le Soudan du Sud avec sa famille après la déclaration d'indépendance. Peu de temps après, les combats ont repris et ils ont dû fuire de Malaka à Bentiu. Se retrouvant seule suite au décès de ses parents, Ayak a été violée sur la route pour Bentiu. Enfin arrivée au camp de la Mission des Nations unies au Soudan du Sud (MINUSS) où elle a vécu une année, elle a été violée par des hommes armés qui y vivaient. Lorsque l'image a été prise, Ayak était enceinte de neuf mois des suites du viol et s'apprêtait à mettre l'enfant au monde d'un moment à l'autre. Alors que l'on parle de plus en plus du viol utilisé comme arme de guerre, il y a encore beaucoup de prévention à faire pour aider les survivants à se reconstruire physiquement, émotionnellement et socialement.
Ce qui choque ? Déshabiller une femme victime de viol. Sur Twitter, les réactions s'enchaînent. En voyant qu'Ayak apparaît presque nue alors qu'elle a déjà été rendue vulnérable par le viol, on parle de chosification du corps des femmes noires et d'exploitation. La volonté de témoignage de la jeune femme serait écartée au profit d'un rôle de spécimen mis en avant pour créer la fascination. D'un autre côté, on voit en cette photo un acte de courage, porteur d'un message puissant et profond.
Toujours est-il que Lynsey Addario n'a pas dû faire ce choix par pure fantaisie. Elle-même a été victime d'agressions sexuelles après avoir été capturée par l'armée libanaise en 2011. Elle a expliqué au http://time.com/war-and-rape/" au sujet de cette séance photo : "Au fur et à mesure, l'expression du corps d'Ayak a changé : elle se tenait fièrement, plus confiante, en paix. C'est comme si l'acte même de photographier Ayak et son enfant lui avait donné l'occasion de célébrer exactement ce que ses agresseurs avaient tenté de lui retirer – sa beauté et sa dignité."
Source : http://time.com/war-and-rape/"