Par Robert Scoble from Half Moon Bay, USA (Annie Leibovitz at her SF exhibition) , via Wikimedia Commons
Parce que la vraie question que l'on se pose est la suivante : pourquoi Annie Leibovitz ne craque-t-elle pas son PEL plutôt que d'aller vendre ses talents (son âme ?) au monde merveilleux de l'automobile ? Pour sa dernière campagne publicitaire, le constructeur Lincoln a en effet eu recours aux services de la photographe afin de promouvoir sa nouvelle Continental. La devise de la marque ? Le luxe tranquille. Forcément, cela inspire. Bon, on ne va pas jouer les vierges effarouchées ou les puceaux timorés : on sait que Leibovitz est devenue LA reine de la photographie publicitaire. Son esthétique chiadée et efficace ne pouvait que conquérir les cœurs et les portefeuilles. Mais disons qu'entre ses portraits de stars pour Vuitton et les images de la carrosserie d'une bagnole, y a pas photo. D'ailleurs, littéralement, il n'y a pas photo ici, l'exercice photographique n'étant réduit qu'à sa plus petite expression technologique. Clic clac vroum.
« C'est toujours très compliqué entre l'art et le commerce – comment en vivre » confiait Annie Leivovitz au http://www.nytimes.com/2016/10/09/arts/design/annie-leibovitzs-work-on-women-is-never-done.html en début de mois. Assez lucide donc. C'est vrai qu'elle a déjà expérimenté lesdites « complications » et les soucis financiers qui en ont découlé. A tel point qu'en 2014, elle a dû vendre son appartement de West Village pour 28,5 millions de dollars afin d'emménager dans quelque chose de plus modeste : un logement de 11 millions de dollars dans l'Upper West Side. Hum.
La photographie ne serait-elle devenue pour Annie qu'une simple histoire de business ? Tous les indices semblent concorder. En août dernier, Leibovitz était sacrée par l'http://www.nytimes.com/2016/10/09/arts/design/annie-leibovitzs-work-on-women-is-never-done.html aux côtés d'autres photographes... et de Steve Jobs. Appréciez le mélange. Quant à son projet, Women, débuté en 1999, s'il offre une jolie galerie de portraits de femmes, n'en demeure pas moins une commande de l'http://www.nytimes.com/2016/10/09/arts/design/annie-leibovitzs-work-on-women-is-never-done.html(UBS). Loin de nous l'idée de remettre en cause l'utilité du mécénat ou d'artistes populaires, tout particulièrement dans le domaine de la photographie, mais comment ne pas regretter ce qui a fait un jour le talent de Leibovitz ? Ce petit supplément d'âme et de pellicule, lié à l'intime, à son père, à sa compagne Susan Sontag (qui en a dit des choses intéressantes sur la photographie !), à une certaine manière de voir le monde et les fesses de John Lennon...
John Lennon et Yoko Ono par Annie Leibovitz en 1980