Denis Bourges

Denis Bourges

#Photographe
Né en 1966
Co-fondateur de Tendance Floue
Pour Denis Bourges, l'humain est un prétexte à dire. C'est cet humain qui lui
permet de porter son regard sur des pays aussi peuplé que l'Inde, de parler de l'enfermement
des corps et de l'esprit dans une prison, de l'exclusion entre les individus,
du lien social qu'exercent aujourd'hui les médecins de campagne…
C'est donc l'Inde, « son lieu de résidence » comme il dit, qui lui fournit cette
perpétuelle inspiration. Il lui suffit de recueillir une poignée d'individus pour
saisir ce pays. Ainsi ce bidonville d'artistes de New Delhi qu'il raconte dans son
travail « Shadipur dépôt », ou tout ce village de résistants à l'expulsion qu'il dit dans
« Narmada le peuple ».
Pour dénoncer le huis clos, le photographe s'en est allé sur le Mont-Saint-Michel
et en rapporte, dans « Entre deux Mondes », deux catégories d'individus qui vivent
ensemble mais ne se croisent pas : les moines et les touristes. Un cloisonnement qu'il
révèle également dans « Murmure, un bruit sourd qui se prolonge » où il évoque ces
murs en Israël et en Palestine. Le cloisonnement c'est aussi ce que Denis souligne
dans « Espace fumeurs » avec ces hommes et femmes dans la rue en train de s'en
griller une. Présage, à ses yeux, d'une partition de plus en plus flagrante entre les
catégories humaines.
Dans le cadre des 20 ans de Tendance Floue, le photographe expose, à l'Hôtel de
Sauroy, « Border life », des images qui résument son regard sur le cloisonnement et
la frontière.
1996 : début des voyages en Inde.
2001 - 2008 : « Médecin de campagne » avec son père, et plus tard son successeur.
Exposition aux Champs photographiques en 2010.
2002 : « Entre deux Mondes », exposition au Mois de la photo en 2008 à Paris
et publication d'un ouvrage aux éditions Filigranes.
2003 - 2004 : « Murmure, un bruit sourd qui se prolonge »,
exposition au festival Travelling de Rennes en 2009.
Réalisation du film « Shalom' Alykoum», conflit dualité et choc culturel de deux peuples,
projeté au festival documentaire « Côté Court » de Bobigny (93) et aux Voies off d'Arles.
2010 : création des « Champs photographiques » en Bretagne pour ce désir de promouvoir
et diffuser la photographie ainsi que toutes les pratiques artistiques liées à l'image et au son.

C'est dans les huis clos que Denis Bourges traque les travers des sociétés. «Un monde, l'autre», travail commencé il y a quatre ans, s'attache à faire apparaître des univers qui cohabitent sans se voir. Moines et touristes au Mont-Saint-Michel, laïcs et orthodoxes juifs à Jérusalem, délaissés et classes montantes à la gare Victoria de Bombay : entre les murs de pierre, s'élèvent d'autres murs, invisibles, qui cloisonnent les peuples. Paraboles d'un monde qui côtoie et ignore ce qui ne lui ressemble pas.
Dans l'espace circonscrit d'une cale de bateau breton, d'un bidonville indien, d'un temple thaïlandais, d'une salle de boxe ou d'un commissariat parisien, Denis cherche ce qu'une société dit d'elle-même, de ses maux et de ses aspirations. Pour réaliser, «Ring Daumesnil», travail sur une salle de boxe à Bastille, «Le Cayenne», campagne de pêche d'un chalutier, «Murs de flics», indiscrétion dans les bureaux de la police judiciaire, il s'immerge dans l'intimité de microcosmes. En Inde, son terrain d'exploration depuis dix ans, plusieurs reportages se penchent sur la détresse et les résistances de ceux qui n'ont pas voix au chapitre global. «Shadipur», la vie d'un bidonville d'artistes de rue, «Narmada», l'histoire d'un village d'expulsés des grands barrages, et, en Thaïlande, «This is the end», le quotidien d'un temple bouddhiste, dernier lieu d'accueil de malades du sida, sont issus de ces rencontres.
Bouffées d'oxygène entre deux plongées, Denis suit la vie d'une communauté de pêcheurs de requins mauritaniens, de son père, médecin de campagne en Bretagne, et de sportifs handicapés.