Eikoh Hosoe

Eikoh Hosoe

#Photographe #Incontournable
Eikoh Hosoe est l’un des maîtres de la photographie depuis la Seconde Guerre mondiale. Né à Yonezawa en 1933, il grandit à Tokyo. À l’âge de 18 ans, il décide de devenir photographe.

Diplômé de l’université de photographie de Tokyo en 1954, il fait sa première exposition individuelle en 1956. Depuis près d’un demi-siècle, il a produit des travaux qui font date dans l’histoire de la photographie et s’est imposé comme l’un des plus grands photographes de la scène internationale. Il abandonne rapidement le documentaire pour se consacrer à la réalisation d’images plus audacieuses, utilisant la mythologie, les métaphores et les sources théâtrales.

L’un de ses projets majeurs a été réalisé autour de l’oeuvre de l’écrivain Yukio Mishima.

Eikoh Hosoe a été professeur de photographie à l’Institut polytechnique de Tokyo pendant presque 30 ans. Il a également dirigé de nombreux ateliers de photographie à travers le monde.

Enfin, il a exposé ses oeuvres sur pratiquement l’ensemble de la planète. Aujourd’hui, 20 ans après la rétrospective de son œuvre au Musée d’art moderne de la ville de Paris, il nous propose de découvrir à la Galerie Acte 2, et pour la première fois en France, ses derniers travaux en couleurs.

Quand le monde flottant de Eikoh Hosoe s’expose à Paris

À travers ses célèbres séries de photographies en noir et blanc, depuis les portraits d’enfants américains de ses débuts, en passant par ses nus sensuels dans Man and Woman et dans Embrace, ou les architectures de Barcelone dans The Cosmos of Gaudi, aux mises en scènes narcissiques de Mishima dans Ordeal by Roses ou incantatoires de Tatsumi Hijikata dans Kamaitachi et encore de Kazuo Ohno, c’est toujours l’essence des choses, suspendues dans le temps, que Eikoh Hosoe s’attache à mettre en scène de manière théâtrale et à capturer avec son boîtier photographique.

Fidèle au quartier de Yotsuya San-Chôme depuis plus de 40 ans, Eikoh Hosoe nous reçoit dans son atelier de Funamachi, situé dans l’un des derniers coins calmes et presque campagnards du cœur de la métropole Tokyoïte. Le voici dans son univers, entre ses murs remplis de livres et de photographies, entouré de ses œuvres et de celles de ses amis. Il se livre facilement, aimant raconter les multiples épisodes de sa vie foisonnante, vouée dès son plus jeune âge à la photographie.

Inspiré par la religion bouddhique et shintoïste, nourri des œuvres de ses contemporains américains, tels Ansel Adams, Bill Brandt ou Edward Weston et de ses rencontres marquantes avec divers grands artistes et créateurs de son temps, tel le fondateur du Butoh Tatsumi Hijikata ou l’écrivain Yukio Mishima, alors qu’il n’avait que trente ans, son art s’est transformé et épanoui depuis plus d’un demi-siècle, à l’image du maître dans sa quête imperturbable et sacrée du Beau. À la fois photographe, réalisateur de films documentaires ou expérimentaux, auteur de nombreux ouvrages, professeur, directeur du musée KMoPa dans la préfecture de Yamanashi et organisateur de multiples expositions, à plus de 70 ans, Eikoh Hosoe, l’un des mythes de la photographie japonaise contemporaine, est toujours d’une énergie et d’une créativité étonnante.

Malgré l’opinion japonaise générale, considérant encore la représentation du nu comme obscène et tabou, Eikoh Hosoe a toujours été fasciné par le corps, par la recherche visuelle sur le nu et par son architecture. Au-delà des simples considérations esthétiques et graphiques, il s’est posé la question de l’identité et du moi en décrivant la qualité sensuelle de la chair, en sondant les corps nus, en les magnifiant, en les faisant communier avec d’autres formes presque abstraites. « La présence magnétique et mystérieuse de Tatsumi Hijikata dans Kamaitachi m’a bouleversé. Et quand Yukio Mishima m’a proposé son corps en « objet à photographier » pour Barakei, se transformant d’homme de lettres en homme de chair, ce fut l’un des moments les plus forts de ma carrière », raconte-t-il.

Depuis sa rétrospective (1960-1980) au Musée d’art moderne de la ville de Paris en 1982, Eikoh Hosoe n’avait pu eu l’occasion de revenir exposer individuellement en France, outre sa participation répétée aux célèbres Rencontres Internationales de la photographique (RIP) d’Arles, où il fut invité encore cette année en tant que juge.

« Au XX ème siècle, le noir et blanc a dominé tout mon travail photographique. Mais au passage du XXI ème, j’ai senti la nécessité de faire des photos en couleurs, comme un signe de renouveau », explique Eikoh Hosoe.

Plus de vingt ans ont passé et les Français pourront découvrir cet automne sa nouvelle série inédite en couleurs intitulée « Ukiyo-e Projections, Eikoh Hosoe’s Photographic Theater » à la galerie Acte 2. Elle rend hommage à la danse, au Butoh, au corps, au mouvement, à l’Ukiyo-e (le monde flottant) et à l’érotisme. « À mes yeux, le Butoh est une forme d’Ukiyo-e moderne », déclare l’artiste.

Un jour, il apprit avec tristesse la future démolition du fameux atelier d’expression corporelle Asbetos qu’il voulut immortaliser. Ce lieu mythique de l’avant-garde Tokyoïte, créé par Tatsumi Hijikata et sa femme Akiko Motofuji, était également un lieu de rencontre et d’échanges prolifiques entre artistes dans les années 60-70. Investissant les lieux une dernière fois, Eikoh Hosoe choisit de mettre en scène plusieurs danseurs de Butoh sur lesquels il projeta des sujets classiques de l’Ukiyo-e et des Shunga par les maîtres Harunobu, Utamaro, Hokusai, tapissant les corps quasiment nus entièrement peints de blanc, tels des tatouages grandeur nature. Les images de corps provenant des estampes se mélangent alors sensuellement et inextricablement aux vrais corps nus des modèles, en une nébuleuse esthétique qui prend une quatrième dimension. « Toutes nos séances de travail ont été des moments d’une grande intensité créatrice, inspirée par Tatsumi Hijikata, dont l’esprit planait encore sur les lieux », raconte avec émotion le photographe.

Finalement, pour Eikoh Hosoe, la photographie c’est l’art de la rencontre subjective entre le photographe et son modèle ; c’est un procédé pour capturer le présent et témoigner du passé ; c’est l’un des meilleurs moyens pour s’exprimer librement ; c’est à la fois un miroir et une fenêtre sur le monde.

English version

1933 Born in Yonezawa, Yamagata.

1954 Graduates from Tokyo College of Photography.

1956 First solo exhibition, American Girl in Tokyo, achieves great success.

1957-59 Invited to take part in Junin-no-me (Eyes of Ten), an exhibition held by Tatsuo Fukushima in Tokyo showcasing new photographic approaches and aiming to «sever ties with established photography».

1960 Founds Vivo with Kawada Kikuji, Sato Akira, Tanno Akira, Narahara Ikko and Tomatsu Shomei. The group was short-lived (it disbanded in 1959) but had a profound impact on photography in Japan at the time.

1961-63 Shoots a series of portraits of the novelist Mishima Yukio forming the series Barakei (Killed by Roses) which is first published in 1963.

1965-68 Collaborates on the Kamaitachi series with the founder of Butoh dance, Hijikata Tatsumi,. The series is taken in the region from which Hosoe and Hijikata originate.

1975 Offered professorship at Tokyo College of Photography and helps to begin their fine art photography collection.

1976-84 Works on a series of photographs of the architecture of Gaudi, resulting in the publication of The Cosmos of Gaudi, including drawings and poems by Joan Miró.


SELECTED EXHIBITIONS

1968 Kamaitachi: An Extravagantly Tragic Comedy, Nikon Salon, Tokyo and Osaka.

1969 Man and Woman, Smithsonian Institution, Washington D.C.

1990 Eikoh Hosoe: Meta, Houston Foto Fest.

2006 Spherical Dualism of Photography: The World of Eikoh Hosoe, Tokyo Metropolitan Museum of Photography.