Paolo Gioli

Paolo Gioli

#Photographe #Incontournable
Paolo Giolio est né en 1942, peintre, photographe, cinéaste, a, durant plus de quarante ans, inventé et expérimenté diverses techniques dans les champs de la peinture, de la sérigraphie, de la photographie et de l’image en mouvement.Pour la première fois, 14 de ses films, parmi les plus significatifs, réalisés grâce à différentes techniques (sténopés, technique du fotofinish, animation, etc.) sont rassemblés en double DVD, accompagnés d'une publication avec les témoignages critiques d’étudiants du monde entier, une série d'illustrations en noir et blanc et couleurs, et des écrits (partiellement inédits) de l'artiste lui-même. Gioli parle enfin de son propre travail et montre les techniques qu’il a mis au point, dans un entretien réalisé dans son studio de Lendinara.

Avant-propos

Le nom de Gioli est souvent associé aux réalisateurs italiens qui fréquentaient la Coopérative de Cinéma Indépendant regroupée autour du Filmstudio de Rome. Mais ceci apparaît vraiment comme un raccourci excessif relevant, plus que toute autre chose, d'un besoin de faire rentrer cet artiste unique, aux recherches particulièrement originales, dans les cadres du cinéma italien. Quand il s'installe à Rome au début des années 70 après son retour forcé des Etats-Unis, Gioli rentre en contact avec ce groupe, mais à un moment où celui-ci n’avait déjà plus d’activité. Quoi qu’il en soit, il resta toujours quelque peu distant à l’égard de ce groupe en raison du fait que ses propres préoccupations se focalisaient plus particulièrement sur la nature du medium. Ces préoccupations étaient alors déjà évidentes dans les peintures de cette période, constituant la transposition lyrique de ses nouvelles recherches sur toile. Le diptyque Vast Surface of the Source (of light) de 1970 et Cone of Light de 1972, sont emblématiques de ces années-là, où les métaphores vraies du cinéma vont, au sens physique, jusqu’à incarner l'objet auquel elles font référence. Gioli n'a rien laissé au hasard dans ses recherches sur l'appareil filmique ; au lieu de cela il en a exploré les limitations. Il s'est interrogé sur la nature des cadres (avant l'histoire du film, il doit y avoir une histoire du cadre en tant qu’objet !), sur la projection, au sujet de l'obscurité (quelqu'un doit étudier l'histoire de l'obscurité dans l'histoire du cinéma après celle du rectangle ‘de lumière’ en cinéma !). Il a donné un sens plus large à l'esthétique de la nature des négatifs par opposition à l'intrusion des positifs. Il a également brisé la règle stricte régissant la ligne du cadre de l’image et a mis au point un écran multicouche aux contours colorés afin d’ajouter de la couleur à ses films en noir et blanc. Il a d’autre part utilisé des caméras cinéma sans objectif sur des images photographiques fixes pour les forcer au mouvement, là même où il n’y en avait aucun. Ses recherches ne furent pas formalistes au sens strict ; il a plutôt inventé de petites histoires au contenu tragi-comique grâce à ses très habiles manipulations. Ses écrits, peu nombreux, ont été repris ici. Certains d'entre eux ont été raccourcis pour des raisons d’espace et d’accessibilité. Ceux-ci ont jeté un jour nouveau sur la rigueur de ses recherches. Complexes mais toujours pleins d'imagination, propres à apporter, à certains égards, des éclaircissements sur son travail, les textes de Gioli rappellent les processus mentaux, dans leurs associations d’idées, de certains travaux de Gertrude Stein. Lyriques et denses, accompagnés d’un rythme toujours croissant, plus appropriés à la lecture à haute voix mieux que silencieuse, ces textes sont seulement présentés en italien afin d'assurer que leur nature musicale demeure intacte.